La minute verticale

A la faveur d’une récente conférence sur l’éthique des vertus d’Aristote, je (re) découvre que le bien souverain de la vie des hommes est la recherche du bonheur. Une recherche propre à chacun, non pas dirigée par un ensemble de contraintes et de prescriptions, mais guidée par l’aspiration à exprimer et accomplir notre nature profonde et singulière. Mais comment répondre à cette aspiration? Aristote propose quelques principes simples: définir son désir (qui est-ce que j’aimerais être?), s’entourer des bonnes personnes (celles qui vous inspirent) et changer une petite chose à la fois (le bonheur – comme le diable! – se cache souvent dans les détails). Au-delà de la performance, de l’urgence, de la productivité de biens aussitôt usés, qu’en est-il de notre quête du bien et du bonheur aujourd’hui?

En fait de quête, nous voilà plutôt comme poursuivi par on ne sait quel diable, comme si nous avions constamment besoin de fuir. Il se trouve pourtant que nous ne sommes pas des êtres strictement fonctionnels et qu’au-delà de la satisfaction de nos besoins, nous aspirons à nous élever et accéder à quelque chose de plus grand que nous. Faire en quelque sorte partie de la beauté et de l’harmonie du monde.

Par quelles inspirations passe aujourd’hui la réalisation singulière de ce que nous sommes intimement? J’aime bien reprendre à ce propos la phrase d’un autre célèbre penseur, le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott: « N’oubliez pas de jouer, de rêver, de créer, c’est la chose la plus sérieuse du monde », nous encourageait-il. Un chemin ouvert à chacun donc, avec à chacun sa matière, son envie, sa sincérité. Le même Winnicott se plaisait d’ailleurs à relever que la créativité ne nécessite pas de talent spécifique ni travaillé, juste de l’envie. Ainsi, on peut être créatif en apprêtant une saucisse, aussi bien que dans le choix de nouveaux rideaux ou la manière de s’engager dans une journée de travail.

Si vous êtes à la recherche de ce souffle, rejoignez un lieu qui vous inspire et prenez le temps de vous demander ce qui vous porte. Pensez à la dernière fois où vous vous êtes senti heureux, authentique et serein. Et comme dirait le sage: si la réponse ne te saute pas aux yeux alors attends que la brume se dissipe.